Le U-864, le U-Boot qui portait tout l’espoir de l’Allemagne Nazie

GéolopolitiqueHistoire

L’Allemagne nazie, comme on le sait tous, a été stoppée et vaincue à la chute de Berlin en 1945. Mais existait-il seulement une chance, si infime soit-elle, que la guerre bascule du côté des Allemands comme ils ont toujours espéré ?

La réponse n’est pas simple à établir. Il y a tout de même des évènements mineurs qui auraient pu avoir des conséquences majeures sur la guerre. Une partie de cette infime chance peut être attribuée au sous-marin U-864, qui eut une mission secrète et une cargaison mystérieuse à transporter d’un point A à un point B. Sa mission ? atteindre sa destination le plus discrètement possible et livrer la cargaison qu’il contenait pour permettre de poursuivre la guerre différemment. Nous allons voir dans cet article, son histoire et comment il est devenu le symbole de la tentative par tous les moyens de sauver le cours de la guerre, même si elle devait se passer sans l’Allemagne….

Situation de guerre en 1944

1944 est une année terrible pour l’Allemagne nazie, car la guerre commence à tourner en leur défaveur. Ils reculent sur tous les fronts et la situation militaire ne fait qu’empirer au fur et à mesure que les mois avancent.

  • À l’Est, l’Armée rouge avance depuis 1943 et s’approche de Berlin, après avoir progressé très rapidement vers l’Ouest. L’armée allemande est fortement désavantagée à la suite des lourdes pertes provoquées par la reddition à Stalingrad, qui a bouleversé le Front de l’Est. Ils n’ont pas réussi à tenir Koursk en juillet 1943.
  • À l’Ouest, le débarquement du 6 juin 1944 a surpris l’état-major allemand et a ouvert un troisième front en Europe. Les Américains et leurs Alliés sont désormais en Europe et ont réussi à créer une tête de pont solide en France pour poursuivre le combat.
  • Au sud, les forces américaines remontent l’Italie, visant une jonction avec l’Armée rouge en Autriche. Les Allemands s’attendent à des retournements de situation dans les pays européens occupés.
  • Le Japon poursuit la guerre dans le Pacifique contre les Américains. Les Japonais, ne pouvant pas tenir éternellement face à une puissance militaire comme les Etats-Unis, demandent de l’aide aux Allemands technologiquement et militairement, sauf qu’il est très compliqué d’acheminer du matériel et de l’aide entre le Japon et l’Allemagne.

Les armes miracles

La situation est donc terrible pour l’Allemagne, qui envisage déjà le pire. La chute du IIIe Reich est désormais une possibilité, palpable, réaliste dans tous les esprits. Mais Hitler poursuit la guerre pensant qu’il pouvait encore gagner grâce à des armes miracles « Wunderwaffen » qui seraient tellement puissantes et dévastatrices qu’elles feraient capituler ou arrêter la guerre aux ennemis du Reich.

C’est dans ce cadre de développements d’armes miracles non conventionnelles que le U-864 va opérer et transportait ce qui pourrait devenir la possible clé de la Victoire pour l’Allemagne…

Sous-marin allemand stratégique pour les longues distances

Si on fait un bon en arrière, au début de la guerre, toutes les armées dont l’état-major allemand remarque qu’il existe un besoin opérationnel d’avoir un sous-marin alliant un très long rayon d’action et une grande vitesse afin d’assurer des opérations plus efficaces sur un périmètre plus important.

Le U-Boot a donc eu les retours d’expérience de la guerre, en particulier lors des mois de guerre où les U-Boot ont eu l’occasion de faire régner la terreur lors de la Bataille de l’Atlantique. Les ingénieurs navals se sont donc penchés sur différents types de modèle pour les adapter à leur environnement et aux besoins immédiats de la guerre.

Dans un précédent article, nous avons vu le U-Boot de Type VII-C, produit de façon industrielle, qui est une partie importante de la Kriegsmarine et représente la grosse cavalerie. Celui que je vais vous présenter est un type de sous-marin spécialement conçu pour les longues distances et les manœuvres loin de son port d’attache, voire très loin. Il conserve toutes les capacités d’un sous-marin allemand et sa capacité, sauf que celui-ci a des particularités qui se démarquent pour les missions qu’on lui confie. Le U-864 était donc un sous-marin spécial et produit en peu d’exemplaires.

La particularité des U-Boot de transport et de long rayon d’action : le Type IX

Toutefois, créer un modèle entièrement nouveau aurait engendré d’importantes complications techniques et industrielles. Les chantiers navals et leurs sous-traitants n’auraient pas pu suivre le rythme imposé par la guerre. C’est un travail titanesque, alors que la guerre a déjà commencé. Il est donc décidé de répondre à cette nouvelle exigence en apportant des modifications relativement simples et rapides au Type IX, qui sera produit en deux versions parallèles, se différenciant uniquement par l’installation du moteur : l’une optimisée pour la vitesse (Type IX D1) et l’autre pour l’autonomie (Type IX D2). La version que va avoir notre U-Boot U-864, est la version IXD2.

Le plus grand et le plus gros de sa catégorie, le U-Boot Type IXD2 est le sous-marin discret et efficace par excellence. Apparu en 1939, ce type IXD2 est en fait un type assez spécial, car il est une des versions les plus abouties pour la catégorie de sous-marin longue portée et long rayon d’action que la Kriegsmarine a eu.

Comme on peut le comprendre sur ce schéma, le type du U-864 est un type très avancé dans les sous-marins de transport et à long rayon d’action, ce qui en fait un U-Boot très avancé technologiquement et imprégné de l’ingénierie de guerre. Les sous-marins Type IX étaient perçus comme des bâtiments importants de la guerre sous-marine, visant les lignes commerciales à l’échelle mondiale. Ils devaient déstabiliser le marché mondial.

Très grand rayon d’action pour des missions très lointaines

Leur seul obstacle résidait dans un réseau de soutien limité, car ils étaient loin de l’Allemagne et des pays Alliés généralement. Alors, les U-Boot à long rayon d’action se basaient sur un réseau comprenant des ports neutres, des navires de ravitaillement et des sous-marins ravitailleurs un peu partout sur le globe. Ils sillonnaient l’océan Indien ainsi que les vastes régions du Pacifique et de l’Atlantique Sud, parfois avec plus de succès, car ces zones étaient moins surveillées, et le système de convois y était rarement mis en place. Ils avaient donc une efficacité redoutable et personne n’était à l’abri de la Kriegsmarine en tant de guerre, où qu’il soit sur les mers.

Ses caractéristiques lui permettent d’aller quasiment n’importe où sur le globe et d’y opérer diverses missions :

  • Missions de sabotage : ils ont la possibilité de neutraliser des infrastructures ou des bâtiments adverses grâce aux 24 torpilles à son bord pour 6 tubes d’envoi, 4 à la proue, 2 à la poupe. Le U-Boot reste un navire de guerre.
  • Missions de minage : le sous-marin possédait des mines marines 48 mines TMA (mines marines pouvant être propulsées à l’extérieur par les tubes d’envoi) et disséminées là où le sous-marin passe et 46 mines TMB (mines sous-marines pouvant être propulsées à l’extérieur par les tubes d’envoi) et pouvant descendre à plus de 20 mètres sous l’eau.
  • Missions de transport : le type IXD2 possédait une grande capacité de stockage de carburant, mais également une très grande capacité de stockage lui permettant de stocker du personnel supplémentaire, du matériel conséquent ou d’effectuer des missions de sauvetage. En particulier vers le Japon, où de nombreux navires furent récupérés et privés de leurs tubes lance-torpilles pour être convertis en entrepôts flottants. Ils pouvaient ainsi transporter jusqu’à 252 tonnes de fret, principalement des matériaux stratégiques et des plans utilisés par le Japon, tout en revenant avec des marchandises tout aussi précieuses dont l’Allemagne manquait à l’époque.

En effet, ce qui nous intéresse dans ce type précis de U-Boot de Type IXD2, c’est sa très grande autonomie et à sa vitesse, qui s’avèrera très utile pour la mission du U-864 : d’une part avec le transport de matériel et l’autre avec l’acheminement de cette cargaison sur une très longue distance.

Sous-marins U-Boot de Type IX

Le U-864, sous-marin comme les autres en apparence

Le sous-marin U-864 est le 864ème sous-marin a être construit par la Kriegsmarine. Mis sur le cale le 26 octobre 1942, sa construction est lancée courant Août 1943 et il est mis en service le 09 Décembre 1943. Il intègre la 4ème Unterseebootflotille (4ème flotille de sous-marins), qui une flottille d’entraînement et de préparation à Stettin en Pologne, où l’équipage s’entraîna à l’utilisation du U-Boot.

Le U-864 est commandé par le Korvettenkapitän Ralf-Reimar Wolfram et il entra officiellement en service actif avec 73 hommes à son bord le 1er novembre 1944. Il fut affecté à la 33ème Unterseebootflottille basée à Flensburg en Allemagne auprès d’environ 75 autres U-Boot. Brême est son port d’attache. Étant un sous-marin à long rayon d’action, son utilisation promet d’être diverse et variée, mais le U-864 ne fera jamais d’éléments notables et de missions de patrouille, il n’ira pas non plus au combat à proprement parlé.

Les 73 membres d’équipage lors de l’inauguration du U-Boot U-864

Le 5 décembre 1944, le U-864 prend le large est s’appareille à Kiel car il est appelé pour une mission spéciale qui marquera à jamais l’équipage et peut être le monde…

Une première expédition ultra secrète : l’Opération Caesar

En 1945, Hitler lui même confia au U-Boot U-864 une mission hautement secrète : l’opération « Caesar », en référence au célèbre général romain. En effet, ce sous-marin était le moyen de transport parfait pour cette mission alliant discrétion, protection, autonomie et rapidité.

Ce U-Boot reçut l’ordre de transporter des composants essentiels du chasseur à réaction Messerschmitt Me-262 et de l’intercepteur fusée Me-163 ‘Komet’ ainsi que des plans détaillés et utilisables de ces deux appareils ultra-secrets. Le U-864 transportait également à son bord, 1857 bouteilles métalliques contenant 65 tonnes de mercure, des moteurs à réaction et des moteur-fusée développés par les ingénieurs allemands à Peenemünde, des informations et des données, ainsi que des scientifiques nazis et japonais chargés de partager leur expertise.

Cette cargaison devait permettre aux Japonais de développer et utiliser la technologie allemande afin de pouvoir renverser le cours de la guerre du Pacifique et rééquilibrer l’écart de force entre les forces de l’Axe et les Alliés. Cette cargaison, s’avérant révolutionnaire, permettrait de faire souffler l’armée Allemande et Japonaise durant la guerre et leur permettrait de reconstituer une armée pour poursuivre le combat.

Périple de 10 000 km à travers tout le globe dans la plus grande discrétion

Un très long périple de plus de 10 000 km l’attendait avec pour objectif de traverser le globe. Le U-864 avait pour ordre de briser à tout prix le blocus maritime imposé par les forces alliées, contourner les côtes afin de livrer au Japon cette cargaison très importante, voir cruciale pour la poursuite de la guerre. Il devait être le plus discret possible dans ses manœuvres et ne se faire détruire sous aucun prétexte.

L’itinéraire prévu précis pour le U-Boot le conduisait de la mer Baltique à la mer du Nord, contournant les îles britanniques avant de traverser l’Afrique en passant par le cap de Bonne-Espérance. Il fallait également passer au sud de Madagascar sous l’Afrique et remonter jusqu’en Malaisie, à Penang. Le trajet jusqu’à Penang était estimé à plusieurs mois et s’étendait sur une distance d’environ 12 000 milles marins.

Trajet du U-Boot U-864 dans le cadre de la mission Caesar

Il était le seul sous-marin concerné, et son type spécial IXD2 a été spécialement choisi pour cette mission, car ce dernier était capable d’une grande discrétion et était conçu pour des manœuvres et des missions loin de son port d’attache et d’opérer dans un très large périmètre. Le U-864 avec son autonomie, était tout à fait capable avec quelques ravitaillements seulement, d’arriver sain et sauf au Japon, comme nous l’avons vu avant.

Départ du port de Kiel

Le départ fut donné et le U-864 quitta le port de Kiel pour rejoindre Horten en Norvège. À Horten, le sous-marin passa la majeure partie du mois de décembre à quai pour tester ses systèmes de plongée sous-marine et à évaluer l’endurance de son équipage à travers une série d’épreuves difficiles et répétitives. Car oui, il sort à peine de l’entraînement et le sous-marin n’a encore jamais vécu de situations réelles de combat ou de patrouille.

Pour ravitailler en carburant et en provisions, le U-864 quitta Kristiansand le 29 décembre et débuta son voyage vers l’est, effectuant une escale en surface avec deux bâtiments de patrouille. Peu après, les navires se séparèrent, et le sous-marin plongea à la profondeur du périscope après avoir quitté le Détroit de Skagerrak pour poursuivre son chemin.

Le détroit de Skagerrak où est passé le U-Boot U-864 dans son périple

Cependant, le U-864 ne s’éloigna pas beaucoup de la côte norvégienne. Peu de temps après, le commandant Wolfram transmit un appel radio au port signalant un problème avec le tuba qui est installé. Le problème étant jugé grave et problématique, le commandement opérationnel ordonna au sous-marin de se rendre à Farsund, un petit village de pêcheurs situé à une cinquantaine de kilomètres à l’ouest de Kristiansand, juste après l’entrée du détroit, pour pouvoir faire vérifier le sous-marin. Il arriva le 1 Janvier 1945 pour y faire les quelques réparations. Une fois reparti, les problèmes continuèrent.

Le U-864 heurta cette fois-ci un banc de sable dans les fjords norvégiens, car le commandant Wolfram avait mal appréhendé la zone géographique. Cet accident n’étant pas anodin, il fallait faire revérifier si la coque n’était pas endommagée. Le sous-marin fut obligé de se diriger vers Bergen, dans le sud-ouest de la Norvège, afin d’effectuer les réparations nécessaires au bunker Bruno. Il se dirige désormais vers sa destination pour être à nouveau réparé.

L’escale de trop à Bergen

Depuis le début de son périple, le U-864 est loin d’être le U-Boot discret qu’il devrait être. Sa mission étant d’une importance capitale et ultra secrète, il est difficile de croire que le sous-marin ne s’est pas fait repéré ou que quelqu’un en a entendu parlé après toutes les escales et arrêts pour réparation qu’il a effectué depuis son départ. Pour ne pas arranger les choses, les services de renseignement britanniques avaient déjà décrypté les informations interceptées d’Enigma par les Allemands, découvrant ainsi que l’Allemagne avait expédié cette précieuse cargaison au Japon.

Durant le stationnement du U-864 à Bergen, un raid aérien fut lancé le 12 janvier 1945 par la Royal Air Force pour tenter de détruire à quai le U-Boot. Trente-deux bombardiers Lancaster, équipés de bombes Tallboy, ainsi qu’un bombardier Mosquito, attaquèrent le bunker « Bruno » dans l’espoir détruire ce dernier. Le sous-marin ne fût pas gravement touché, l’attaque ralentit considérablement les travaux de réparation. A croire que pour une fois la chance a enfin tourné en faveur du U-864.

Sortie de Bergen et détection du U-864 par le HMS Venturer

Sa sortie de Bergen va être celle de trop et entraîner un engrenage fatal pour le U-864. Le sous-marin ne sait toujours pas qu’il est visé par les attaques aériennes et pense encore qu’il passe encore sous les radars. Il poursuit son trajet comme si de rien n’était. Une fois réparé et après son escale forcée à Bergen, l’U-864 reprit sa route toujours dans la discrétion, se glissant à travers le chapelet d’îles côtières du Hordaland. Il emprunta les chenaux naturels entre les îles Sotra et Askøy, avant de se diriger vers la petite île de Fedje. Il est désormais loin du port de Bergen le 6 février.

Alors qu’il serpente discrètement après sa sortie du port norvégien, un sous-marin britannique, le « HMS Venturer », commandé par le lieutenant James S. LAUNDERS, détecte le U-864 durant une surveillance continue au large de Bergen. Ce dernier au moment de la détection se trouve près de l’île de Fedje (Fejeosen), à trente-cinq milles nautiques de la ville. Mais le U-Boot ne détecta rien de la présence du sous-marin britannique. En effet, le Venturer était donc au bon endroit au bon moment, car il reçut un message du quartier général lui indiquant de poursuivre le U-864 qui était certainement dans les eaux autour de l’Ile de Fedje. Le Venturer avait donc pour mission désormais de poursuivre le sous-marin.

Le sous-marin HMS Venturer qui a poursuivit le U-Boot U-864 dans les eaux norvégiennes

Retour au bunker Bruno pour réparation

La malchance tape de nouveau à la porte du commandant Wolfram 2 jours après, le 8 février. Une avarie du moteur tribord contraint l’U-864 à faire demi-tour et à subir à nouveau des réparations au port de Bergen. L’U-864 informa de son retour au bunker Bruno.

A sa sortie des fjords Norvégiens à Fedje, cette fois, une escorte attendrait le sous-marin le 10 février jusqu’à qu’il soit en sécurité.

Mais tout s’empira encore. Alors qu’il se dirigeait vers son escorte, le moteur diesel de l’U-864, anormalement bruyant, fut détecté par le Venturer dès le 9 février dans les eaux autour de Bergen. Le commandant du sous-marin britannique, choisit de ne pas utiliser son sonar pour ne pas dévoiler sa propre position et continuer à suivre l’U-864. C’était donc désormais plus compliqué à suivre et la traque commença entre les 2 sous-marins.

La traque du Venturer et la tentative de fuite du U-864

C’est lorsque le commandant du U-864 Wolfram cherchait ses navires au périscope pour les escorter vers la base qu’il fut repéré par le sous-marin britannique. Cependant, les 2 sous-marins n’ont rien pu faire et le Venturer patienta 45 minutes, espérant que le sous-marin allemand fasse surface pour pouvoir le torpiller. A partir de 11h22, le Venturer suit une route parallèle à celle de l’U-864 et le garde en ligne de mire, quadrillant chaque mouvement du sous-marin, il se trouvait parallèlement à droite de l’U-864.

Durant ce laps de temps, il n’y avait pas suffisamment d’informations pour le commandant du Venturer pour procéder à une attaque contre le U-864. En plus du ciblage plus qu’approximatif, il fallait connaître la distance, de préférence la direction et la vitesse de l’ennemi pour prédire sa position et le torpiller.

Une période inhabituellement longue suivit pour une confrontation sous-marine, pendant laquelle le mouvement du U-864 fut analysé pour comprendre où il allait et où il pouvait être à un moment précis. Les deux sous-marins se retrouvaient dans une situation à laquelle leurs équipages n’étaient pas préparés et ils restaient dans l’attente de l’autre. Mais il devint évident que l’U-864 ne ferait pas surface et adoptait une manœuvre en zigzag pour éviter tout affrontement, au vu de sa cargaison et de sa mission.

C’est à ce moment que le commandant du Venturer paria sur les évènements à venir. En se basant sur des données indirectes (changement d’azimut en fonction de ses propres manœuvres), le Venturer s’éloigna progressivement de la cible, parvenant à estimer la vitesse et la portée du zigzag pour pouvoir mieux l’analyser. Il est actuellement à 1,8km du sous-marin allemand et il est difficile de prédire ce qu’il essaie de faire ou va faire au moment d’un potentiel tir d’un côté comme de l’autre. Malgré tout, le U-864 était mieux armé avec ses vingt-deux torpilles et il disposait d’un net avantage face aux quatre torpilles du sous-marin britannique, mais il n’y eut aucun combat ouvert entre les 2 sous-marins.

Après trois heures de poursuite du sous-marin allemand, le commandant du Venturer décida de prendre un risque en se basant sur les mouvements du U-864. C’est à 12h12 que le Venturer fait le pari de tirer 4 torpilles en salve selon les données qu’il prédit pour espérer toucher l’U-864 dans sa manœuvre de zigzag. Il n’est en aucun cas sûr de toucher le sous-marin et il est probable que ce dernier les évitent.

4 torpilles lancées selon des données erronées

La suite des évènements va se passer en l’espace de quelques minutes. Les 4 salves étant parties, il n’est désormais plus possible de faire marche arrière pour l’équipage du Venturer et du U-864 : l’évitement ou la destruction. Après avoir entendu le lancement des torpilles, l’équipe U-864 a entrepris des manœuvres d’évitement en évitant les trois premières torpilles, mais la quatrième a finalement touché la coque du sous-marin.

  • La première torpille explose après 2 minutes et 12 secondes, sans succès.
  • La deuxième et la troisième torpille explosent 5 minutes après la première, signalant qu’elles ont atteint le fond marin, sans succès.
  • La quatrième salve est finalement la bonne. Deux minutes après la première détonation, des bruits d’eau et des craquements de coque sont captés par le sonar du Venturer, signifiant que le sous-marin U-864 a été touché.

La destruction du sous-marin fut confirmé par la présence de débris du bateau à la surface. Le U-864 est officiellement détruit.

Fin de parcours pour le U-864

La quatrième et dernière torpille a été fatale pour le U-864, qui fut instantanément coupé en 2 par l’explosion, tuant les 73 membres d’équipage à son bord. Le sous-marin sombra dans les profondeurs des eaux norvégiennes. La destruction du sous-marin entraina bien plus que la mort de son équipage, mais également de la destruction de sa cargaison révolutionnaire. Rien ne put être récupéré et l’ensemble fut détruit. La cargaison ne put jamais arriver à sa destination et n’est jamais revenu au port.

L’épave du U-Boot U-864

Quelques mois plus tard, l’Allemagne signa sa capitulation immédiate et sans conditions devant les Alliés, scellant à jamais le sort de l’Allemagne Nazie. Aujourd’hui, nous ne savons pas si cette cargaison aurait pu changer le destin de l’Allemagne, mais par sa destruction, nous avons peut être supprimé l’ultime chance d’Hitler de poursuivre son combat et celui des Japonais durant la Seconde Guerre Mondiale.

Sources

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