Le sport sous le IIIe Reich

La propagande nazie par le sport

Histoire

Tiré de mon documentaire sur les Jeux Olympiques d’été de 1936, trouvable ici, qui étoffe mes explications.

Les objectifs d’Hitler semblent très réfléchis, mais la propagande qui en découle l’est tout autant. Avant la guerre qui sévira dans le monde entier, l’Allemagne nazie a mené une politique de propagande très féroce et très puissante sur la vision que les gens avaient du nazisme et de l’idéologie en général. Nous parlerons ici du sport, qui est un thème omniprésent.

Plus marquant encore que de montrer un ordre homogène, fort, pur et en particulier la chute des chômeurs en Allemagne, la pratique du sport et du culte du corps est tout aussi important. Quoi de mieux de vanter cet aspect qu’en mettant en scène sa représentation humaine : l’Aryen idéal est athlétique, robuste, prêt à combattre car il est une race génétiquement supérieure et des capacités physiques supérieures.

De plus, cela peut démontrer la supériorité biologique de celle-ci sur d’autres « races ». Hitler disait dans Mein Kampf : « Le jeune Allemand doit être mince et élancé, agile comme un lévrier, résistant comme le cuir et dur comme l’acier de Krupp. ». Le sport permet de montrer les capacités de la race aryenne, en plus qu’il est un élément universel dans l’histoire. Le sport est pratiqué depuis toujours, par tout le monde. L’Aryaniser et l’instrumentaliser permet de toucher un public bien plus large, au-delà même du pays.

La Fédération Nationale-Socialiste pour l’Éducation Physique

C’est la Nationalsozialistischer Reichsbund für Leibesübungen (NSRL), « Fédération Nationale-Socialiste pour l’Éducation Physique », qui a eu la charge de gérer et contrôler toutes les activités sportives en Allemagne. Cette organisation a de grandes ambitions, comme regrouper toutes les associations sportives allemandes et tous les clubs et pour y parvenir, elle décide de beaucoup miser la propagande. Cette dernière martelait qu’il était important d’effectuer un sport auprès de la jeunesse et de la population, car cela allait améliorer le moral du peuple et était une source de force nationale, permet aux travailleurs d’être en bonne santé, contribue au rapprochement des citoyens, à l’intégration sociale, à la formation des valeurs comme le fair-play, le dépassement de soi, l’esprit d’équipe ou bien même la tolérance.

Il était nécessaire d’inculquer à la population ses sentiments nationalistes et d’appartenance à une nation forte et sportive. Il est également intégré dans la vie collective de la jeunesse allemande à raison de dix heures d’éducation physique par semaine afin de contrebalancer une éducation scolaire jugée « uniquement intellectuelle ». Enfin, des activités physiques sont imposées aux jeunes filles et femmes pour qu’elles « offrent à l’état et au peuple des enfants en pleine santé ». Evidemment, cela n’est pas que pour préserver la santé, c’est également pour attiser la compétition entre les personnes, car les habiletés sportives furent transformées en critères de cotation scolaire autant que certaines qualifications pour obtenir un travail, ou être admis à l’université.

Mettre en avant l’homme « aryen »

Le régime a utilisé le sport pour montrer une Allemagne tolérante, forte & libre tout en poursuivant ses objectifs politiques et militaires.

Dans cet axe, il est voulu de montrer au monde la beauté des corps athlétiques, surtout masculins mais aussi féminins, des aryens allemands et de quoi est capable le peuple allemand. Cette vision montre une image positive de l’Allemagne présentée comme grande nation sportive et pacifique tournée vers le progrès, en cachant une tout autre réalité du régime, celle de la dictature totalitaire et du militarisme que nous avons vu précédemment.

Il s’agit également de placer l’Allemagne dans la continuité de la Grèce antique et de cette époque en général : l’idéologie nazie prétend que les Grecs de l’Antiquité avaient été des Aryens. La civilisation allemande est présentée comme l’héritière de la civilisation grecque et de sa grandeur. En montrant des corps musclés et sveltes, le sport et le culte du corps en Allemagne participe de façon sous-jacente à la mise en avant du racisme et du nazisme devant le monde. Quoi de mieux pour montrer cette facette que les Jeux Olympiques d’Eté de 1936 qui s’annonce en Allemagne…

En effet, les Jeux Olympiques de Berlin en 1936 ont eu un immense impact sur le sport allemand et mondial. Ayant eu lieu du 1 au 16 aout avec Berlin comme ville hôte, l’Allemagne a attiré énormément de personnes et de visiteurs du monde entier, fait rayonner des milliers d’athlètes de tous horizons dont beaucoup d’allemands. Ce fut un événement majeur où le régime nazi a énormément misé sur son aspect médiatique, comme social sur le monde. L’Allemagne se donna le moyen de ses ambitions en sortant de terre un village olympique flambant neuf de 55 hectares et un site olympique accueillant toutes les épreuves, dans un cadre moderne, propre et avec le culte du sport et du corps.

Le régime a utilisé le sport pour montrer une Allemagne tolérante, forte & libre tout en poursuivant ses objectifs politiques et militaires.

Le sport : une façade devant le monde

Mais les Jeux Olympiques n’ont été qu’une façade à la propagande allemande, qui a utilisé le sport pour promouvoir l’idée de l’aryen idéal, mettant en avant la force, la santé et l’apparence physique des Allemands considérés comme des athlètes parfaits et biologiquement supérieur. Ces jeux ont servi de vitrine pour l’idéologie nazie en mettant en avant une vision tolérante, libre et respectable de l’Allemagne, qui servirait leur idéologie et leurs actes. Ils ont été utilisés pour renforcer la position politique, militaire et internationale de l’Allemagne nazie, établir des alliances futures et préparer le terrain pour les ambitions expansionnistes du régime et d’Hitler. Les thèmes majeurs développés par le régime nazi, tels que le pangermanisme, la volonté de créer une Grande Allemagne et le Lebensraum (« espace vital »), ont été mis en avant à travers ces événements sportifs et le sport.

Le régime a utilisé le sport pour montrer une Allemagne tolérante, forte & libre tout en poursuivant ses objectifs politiques et militaires.

L’Allemagne sortira vainqueure de ses propres Jeux Olympiques devant les Etats-Unis. Cependant, on retiendra de ce documentaire l’athlète noir Jesse Owens, héros des Jeux Olympiques. Avec 4 records du monde et 4 médailles d’or en athlétisme, il est l’athlète le plus titré des Jeux. Il a démontré à lui seul que le sport était universel, et basé sur une compétence sportive travaillée et non sur l’appartenance à une race ou à une ethnie. Cet aspect est d’autant plus important dans un pays en pleine propagande raciale et antisémite envers les Juifs et les Noirs, et la prétendue supériorité de la race aryenne…

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