Le Grand Bunker constitue le dernier vestige visible de la plus puissante batterie côtière Allemande du secteur.

Dans cet article, prenons la direction de l’ouest en Normandie à Ouistreham pour une petite visite de l’un des musées du Mur de l’Atlantique. En effet, j’ai pris le temps cet été 2025 de parcourir la Normandie pour fouler une terre d’Histoire, une terre marquée par le sang versé et les histoires qui nous dépassent. Alors je partage sous forme d’article mon ressenti et le point du vue côté visiteur.

Nous avons déjà fait le tour de pas mal d’ouvrages comme le musée de Walbourg, la batterie de Maisy et le Pegasus Bridge, il est maintenant venu le temps de s’attaquer à un musée, celui du Mur de l’Atlantique, dans la ville de Ouistreham, juste à proximité de la plage de Riva-Bella.

Ce musée repose sur un bunker, un grand bunker, ayant appartenu au mur de l’Atlantique, le vaste ouvrage qui visait à protéger les côtes d’un débarquement allié de la Norvège jusqu’aux Pyrénées. Ici, le bunker du musée se trouve dans un groupement de fortifications avec la batterie de Merville, les installations de communication et de radar de Douvres-la-Délivrande et la batterie du Plateau de Tournebide. Cependant, celui de Ouistreham a un rôle très important pour la côte, qui permettant alors d’observer et de donner des coordonnées précises aux ouvrages aux alentours. C’était le centre névralgique du commandement des défenses de l’estuaire de l’Orne, couvrant la baie de Seine (Manche). Il était dissimulé par les maisons aux alentours, faisant de l’édifice un lieu stratégique à l’écart de tout.

Au Patrimoine Historique, le « Grand Bunker » n’a pas été construit selon les Regelbau1 traditionnels, ce qui en fait un poste particulièrement intéressant car il adopte de nouvelles fondations plus rapides et plus simples à réaliser (Sonderkonstruction (SK)). Le Grand Bunker a été un poste d’observation et de tir avancé sur 5 niveaux à partir du sol, car ce dernier n’est pas enterré.

Construit par l’Organisation Todt en 1943, ce bunker était un immense bloc de béton de 17 mètres de haut. On pouvait y trouver l’équipement rudimentaire de guerre d’un bunker : une infirmerie, une salle de filtration de l’air, un armurier, une salle d’observation, logements, dortoirs et un télémètre2 à son étage le plus haut pour une observation totale à 50 km vers la mer, ce qui est impressionnant. On pouvait aussi y trouver un canon antiaérien pour protéger l’ensemble, malgré tout le béton. A ma connaissance, il ne fut pas endommagé ou n’a pas subi de combats également (à vérifier).

Dans ce musée, on peut visiter toutes les parties qui étaient occupées auparavant par l’armée Allemande. Il est aussi possible de monter sur son toit, mais seulement via une échelle étroite ou son sac n’y passe pas. On y retrouve à l’entrée un solide Flak 36 de 88 mm en parfait état ainsi qu’une barge de débarquement PA 30-31 qui permet d’apporter du contraste à ce bloc de béton. On y met environ 1h30 au frais pour y parcourir tous les recoins. La décoration d’époque dans le bunker nous permet de nous immiscer dans le quotidien des soldats et beaucoup de matériel y est exposé, ce qui est vraiment intéressant.

Cependant, il faut de la patience car les passages dans le Grand Bunker sont très étroits avec les autres visiteurs, mais ne gêne en rien la visite en elle-même, qui dispose de pancartes et de beaucoup d’éléments à voir. Le parking est obligatoirement payant car (de mon expérience), le parking gratuit est inexistant ou trop petit : il faut stationner sur les places en bord de plage ou aux abords des routes. Tout ayant été rénové, j’ai tout de même beaucoup aimé visiter l’ouvrage qui change de ce qu’on voit d’habitude. C’était une super visite à faire en famille en été !

  1. Les blockhaus sont produits en « série » sous un seul schéma type, nommé Regelbau (construction normalisée) reproduit à plusieurs échelles pour permettre de construire rapidement des lieux de vie, fiables et protégés. C’est un modèle standard de construction qui se décline sous différentes variations mais reste sensiblement la même chose à chaque ouvrage. ↩︎
  2. Un télémètre, semblable à des jumelles, mesure les distances qui le séparent entre lui et sa cible. Il permet d’ajuster avec précision les coordonnées fournies à l’artillerie. ↩︎

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