Tiré de mon documentaire sur le D-DAY trouvable ici, qui étoffe mes explications.
Encore aujourd’hui, il est possible de trouver des stigmates de ce mur mondialement connu qu’est le Mur de l’Atlantique. Nommé Atlantikwall en Allemagne, il représente un ensemble de fortifications côtières se composant de bunkers, de blockhaus, de batteries, de mitrailleuses, d’appareils anti-aériens et de chemins souterrains. Cet ensemble devait permettre de pouvoir prévenir, endiguer ou empêcher un éventuel débarquement des Alliés sur les côtes françaises depuis la Grande Bretagne, ou plus simplement, tout assaut provenant de la mer.
Long de 4000 km s’étendant de la frontière franco-Espagne jusqu’à la Norvège, elle se voit néanmoins plus renforcée défensivement sur les zones « sensibles » d’un possible débarquement grâce à sa proximité géographique avec la Grande Bretage, comme les côtes françaises vers le Pas-de-Calais, belges et néerlandaires de la Manche et de la mer du Nord.
Mur inviolable et infranchissable
Nécessitant 17 Millions de M² de béton (1,2 Millions de tonnes d’acier) d’une valeur de 3,7 Mds de Reichmarks (206 Mds de $), cette mégastructure est voulue, pensée comme inviolable et infranchissable. Elle serait protégée et gardée par 300 000 soldats et 4000 pièces d’artillerie. Sa construction débuta officiellement le 14 décembre 1941 avec la première brique posée à l’automne 1942. Cet ensemble de fortifications ne cessa jamais d’être améliorée et continuée par l’armée Allemande, avec la sueur et le sang de 291 000 travailleurs prisonniers ou juifs. Elle devait atteindre normalement 6000 km de long, mais jamais l’ensemble du mur ne sera achevé. Hitler accorde la plus grande importance aux forteresses, clé du dispositif de défense. L’ensemble se compose de 5 éléments distincts permettant de créer le Mur de l’Atlantique :
Forteresses protégeant les ports
Les batteries d’artillerie côtières
Les stations radars et d’écoute
Les ouvrages de défense rapprochées des plages
Les obstacles anti-débarquement des plages et anti-mouvement à l’arrière des défenses
A terme, il devait y avoir 15 000 emplacements fortifiés en béton mais seulement 1643 et 8000 installations permanentes ont été entièrement terminés. Le secret de leur rapidité ? Une redoutable standardisation des constructions, des « blockhaus » : le Regelbau. Créé et utilisée sur la Ligne Siegfried, l’objectif de cette standardisation était de gagner du temps lors de la construction, d’optimiser l’utilisation des matériaux, de garantir la qualité de fabrication et la fiabilité du blockhaus. Cependant, cette méthode s’est révélée partiellement inefficace en raison de la nécessité d’adapter les plans aux particularités du terrain et aux ressources disponibles…. Quoi qu’il en soit, énormément de ces blockhaus ont vu le jour un peu partout en Europe, sous différents types, différentes combinaisons et selon les demandes.
Dispositions des batteries
Si nous faisons un tour d’horizon de ce qu’y a été achevé, nous pouvons y voir des batteries & des fortifications entre Cherbourg et le Havre.
Pour ainsi prévenir les débarquements, on peut retrouver des énormes pièces d’artillerie comme le HKB Houlgate, le HKB Graye, le HKB Riva Bella ou le MKB Longues, qui dissuadent les navires alliés de s’en approcher avec leur canon de marine de 380 mm. C’est autour d’elles que se développent des défenses plus légères, des casemates groupées pour augmenter l’angle de tir avec tous les moyens de défenses annexes comme les Flak pour l’aérien, ou des mitrailleuses intelligemment cachées ou protégées par des ouvrages en béton également. Certaines batteries lourdes construites dans le Pas-de-Calais, comme la batterie Todt, peuvent tirer leurs obus jusque sur le territoire anglais (portée maximale de 55,7 kilomètres).
Accompagnant toute cette série de fortifications côtières, on retrouve également des choses intéressantes sur les plages pour rendre encore plus difficile l’accès à la terre pour un éventuel débarquement.
À l’été 1944, les nazis ont posé plus de 5 millions de mines, des réseaux de pieux en bois surmontés de mines, des trépieds formés de troncs d’arbres équipés de lames d’acier, des poteaux en acier assemblés ressemblant à des portes d’étables (obstacles antichars) le long du mur de l’Atlantique. On retrouve aussi les très tristement célèbres hérissons tchèques, des plots en béton et des fils de fer barbelés. Les sorties de plages sont protégées elles par des dents de dragons, des murs ou des fossés antichars. On ne dénombre pas moins de 500 000 obstacles sur les plages.
L’arrière des côtes est aussi protégé pour renforcer le dispositif défensif ! Rommel, grand général allemand en charge du Mur vers la fin de la guerre, fait inonder les abords bas des rivières. Sur les terrains dégagés pour prévenir l’atterrissage de planeurs, il fait planter des poteaux de 2 à 3 mètres appelés les Rommelspargel, « asperges de Rommel ». 5 à 6 millions de ces pieux seront ainsi plantés à l’arrière du littoral.
Nous avons vu des chiffres surdimensionnés pour dissuader les Alliés de débarquer en France par la mer. Mais faute de temps, de moyens et sous les bombes alliées, celui-ci restera incomplet et manquera de profondeur. Vers la fin de la guerre, cette zone si bien défendue a été choisie par les Alliés pour réaliser le plus grand débarquement de l’Histoire, le Jour-J. Ce débarquement permettra par la suite d’ouvrir un troisième front en Europe et de vaincre l’Allemagne Nazie. En somme, ce Mur réputé inviolable n’a pas repoussé les Alliés à la Mer, il a uniquement retardé l’inévitable.
De nos jours, il est encore possible de visiter les vestiges de certains bunkers, en Normandie, comme la batterie Todt par exemple. La plupart des infrastructures sont encore présentes sur les plages : elles sont le témoin de la démesure de l’Allemagne Nazie.
Merci pour cet article ! C’était très instructif, avec des illustrations appropriées. Bravo pour ce beau travail de synthèse !!! 👏🏻👏🏻👏🏻
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