Tiré de mon documentaire sur le D-DAY trouvable ici, qui étoffe mes explications.
Aujourd’hui, nous allons décrypter le plus grand sauvetage maritime de l’Histoire. Cet évènement est très certainement un des premiers évènements majeurs de la Seconde Guerre Mondiale, offrant l’opportunité aux Alliés de toujours disposer d’une force militaire conséquente. Il s’agit de la Bataille de Dunkerque qui débuta le 20 mai 1940.
Pour bien comprendre, petite rétrospéctive des évènements. Nous sommes en 1939 et Hitler a lancé sur l’Europe sa blitzkrieg, qui se révèle très efficace : les forces allemandes envahirent la Pologne en à peine 35 jours, et commencèrent d’autres nombreuses conquêtes à travers l’Europe. Mais le Fuhrer voit plus loin ; il veut mettre à exécution la suite de ses plans de création de son espace vital. Partant de cette volonté, Il décide alors de s’attaquer aux « traitres » du Traité de Versailles, et de ceux qui ont fait perdre la grandeur de l’Allemagne. Les Allemands décident alors de lancer l’offensive vers l’Ouest : sur la France, la Hollande, la Belgique et le Luxembourg.
La Blitzkrieg et le contournement de la ligne Maginot
Le 10 mai 1940, l’Allemagne lance l’opération Fall Gleib, ou Plan Manstein. Ce plan était en fait le plan de guerre prévu pour la campagne de France. Les Allemands passent à l’action en France dans une vaste et rapide opération en Europe. Le plan prévoyait de contourner la célèbre Ligne Maginot. L’idée est la suivante : pendant que le groupe d’armées B envahissait la Belgique et les Pays-Bas, entraînant l’intervention des armées alliées dans ce secteur du front, le groupe d’armées A, constitué de trois armées et des blindés, devait attaquer plein ouest depuis les frontières belge et luxembourgeoise, percer sur la Meuse, entre Sedan et Namur, en franchissant les Ardennes. Tandis que le groupe d’armées C, fixait les unités françaises de la ligne Maginot et du Rhin.
En quelques jours, les troupes allemandes ont rapidement avancé, surpassant les forces alliées beaucoup moins organisées et moins armées par cet assaut soudain des Pays-Bas, les contraignant ainsi à évacuer le pays et à chercher une position de repli stratégique. Pour permettre d’andiguer cet assault, la France reçoit l’aide militaire de la Grande Bretagne, qui envoit plus de 400 000 soldats en France. Mais cela n’est pas suffisant, car les forces alliées se sont repliées sur la rive française de la Meuse et dans le nord de la France afin de toujours réaliser une défense dans la précipitation.
En moins d’un mois, l’armée allemande va enfoncer le front en créant un désordre dans les rangs français, perçant à Sedan pour terminer aux portes de Dunkerque, là où les restes de l’armée alliée encerclée vont tenter de sauver ce qui peut l’être. Après avoir réussi à percer le front français à Sedan, les panzers allemands se sont précipités vers les côtes de la Manche, qu’ils vont atteindre le 20 mai 1940.
La communication radio entre les chars et les avions, les mouvements rapides, ainsi que la concentration des ressources sur des points vulnérables du front allié, surprennent les états-majors français et belge par leur action rapide et encore jamais vue auparavant dans une guerre. La Blitzkrieg est la cause directe de cet enchainement de défaites alliées.
L’Encerclement de Dunkerque
C’est là que tout commence, la fameuse Bataille de Dunkerque. Les forces alliées sont encerclées de plus en plus vite, les vivres s’amenuisent et les victoires s’éloignent : l’espoir de pouvoir stopper l’ennemi n’est pas envisageable.
Le 20 mai, les forces allemandes dirigées par Heinz Guderian réussissent à atteindre Abbeville et la mer avec deux divisions de Panzers. Cela entraîne la division des armées alliées en deux parties distinctes, ce qui déstabilise grandement l’organisation des Alliés. En conséquence, aculés par la pression et l’envie d’encore se replier pour limiter les dégâts, plus d’un million de soldats français, belges et britanniques se retrouvent encerclés entre les troupes allemandes et la Manche, que l’on nomme « la poche de Dunkerque ». Mais les chars allemands continuent à avancer vers la côte, et il faut trouver une solution à la situation actuelle. Se replier encore, ou contre-attaquer au risque de tout perdre.
Les Alliés se regroupent en hérisson pour tenir pied à pied un couloir s’étendant de la région lilloise à Dunkerque, sur une centaine de kilomètres de profondeur et trente à quarante de largeur afin de regrouper leurs troupes dans une poche allongée et ouverte sur la mer qui laisse place à une riposte, ou une évacuation. Mais l’évacuation a déjà été décidée en cachette par le général Gort, en charge des forces Britanniques. Devant le fait accompli et sans réelle solution, les forces alliées confirme cette décision unilatérale, mais toujours sans prévenir ses alliés :
« En de telles conditions, une seule issue vous reste : vous frayer un chemin vers l’ouest, où toutes les plages et les ports situés à l’est de Gravelines seront utilisés pour l’embarquement. La marine vous fournira une flotte de navires et de petits bateaux, et la Royal Air Force vous apportera un soutien total… ».
C’est alors que la solution d’évacuer se transforme en la focalisation de toute une nation vers un objectif commun : sauver ce qui reste du dernier espoir de résistance sur les plages de Dunkerque. Il s’agit alors d’organiser la coordination dans l’urgence de la retraite de plusieurs centaines de milliers d’hommes au Royaume-Uni, en assurant la protection terrestre et aérienne de la zone où les réembarquements ont lieu afin d’offrir une couverture aux soldats.
Par la suite d’un ordre d’Hitler, les forces Allemandes obtiennent un ordre d’arrêt leur indiquant de ne pas aller plus loin, permettant aux Alliés de consolider leurs positions restent et de tenir une poche étroite, tout en organisant un corridor pour l’évacuation. Ce qui signifie que pendant que d’autres vont embarquer et quitter les terres françaises, d’autres troupes se battent toujours afin de retarder au maximum l’avancée Allemande jusqu’aux côtes. L’opération Dynamo est une véritable course contre la montre.
Le 26 mai à 18 h 57, les Britanniques et Churchill ont lancé l’opération Dynamo : une immense opération de sauvetage d’abord voulant être réalisée par une flotte de 39 destroyers et navires de guerres, mais vite repoussée avec la faible déclivité des plages qui oblige les navires de fort tonnage à mouiller au large. C’est alors qu’il est nécessaire d’utiliser tous les petits bateaux disponibles : de commerce et même de plaisance, des ferries, des chalutiers, des remorqueurs, des péniches, des yachts et d’autres embarcations encore plus modestes, les très connues « little ships », dont l’exploit a pour uniquement nécessiter de donner un maximum de bateaux et sauver un maximum de soldats au plus près des côtes.
200 gros navires et 700 petits yachts et vedettes vont effectuer pour certains plusieurs dizaines de d’aller-retour entre les gros navires au large et les plages afin d’assurer un grand nombre de sauvetage. Tout cela s’est déroulé sous le feu de la Luftwaffe et de l’artillerie déjà installée à Calais, en nombre. Au fur et à mesure, de plus en plus de soldats furent sauvés : le premier jour, 7 669 hommes ont pu rejoindre un port allié, 17 804 le second, 47 310 le troisième, 53 823 le quatrième.
Conséquences de l’évacuation durant la Bataille de Dunkerque
Malgré le succès global de l’opération, un nombre considérable de soldats, principalement français, ont été faits prisonniers dans la poche de Dunkerque, qui ont protégé l’évacuation jusque dans les derniers moments de l’évacuation et n’ont pas pu monter dans les bateaux.
De plus, tous les équipements lourds et les véhicules ont dû être abandonnés. Cela inclut 2 472 canons, près de 65 000 véhicules et 20 000 motocyclettes laissés en France. En termes de ravitaillement, environ 377 000 tonnes de provisions, plus de 68 000 tonnes de munitions et 147 000 tonnes de carburant ont également été abandonnées. La Bataille de Dunkerque est un gouffre militaire.
Du bon côté, plus de 338 000 soldats furent évacuées des plages et du port de Dunkerque. Cette noria de petits bateaux, et de cabotes néerlandaises qui ont également aidés les navires de guerre à l’évacuation, ont véritablement aidés à sauver des vies et, malgré la défaite importante, sauver l’honneur de 2 armées entières.
Premier sentiment d’espoir allié
L’évacuation de la Bataille de Dunkerque est la première « victoire » alliée depuis le début de la guerre et a démontré qu’il était possible de gagner cette guerre qui semblait déjà perdue d’avance. Elle a été perçue comme un succès dans l’opinion publique alliée. Cela a renforcé le moral et la détermination des forces alliées, et est considérée comme un rayon de lumière et d’espoir dans la poursuite de la guerre contre l’Allemagne nazie.
De plus, le sauvetage de cette armée a sans aucun doute eu un avantage majeur et décisif sur la guerre. Cela a offert l’opportunité aux Alliés de pouvoir se repréparer et de conserver du personnel expérimenté en vue des ripostes à venir.
Le 4 juin 1940, le Premier Ministre de Grande Bretagne Winston Churchill prononce un discours sans égal à la Chambre des Communes et affirme devant les Britanniques et ses alliés que la guerre se poursuivera jusqu’au dernier homme. Il obtint une ovation, d’autant plus que tous les bords politique s’y trouvaient, après avoir fermement invité quiconque à combattre le nazisme et le fascime par tous les moyens et d’atteindre la « victoire, quels que soient le temps et les efforts que cela demandera ».
La Grande Bretagne continuera à lutter pour sa survie tout le long de la guerre, remporta la bataille d’Angleterre et offrit l’opportunité aux Alliés de toujours disposer de toute cette armée rapatriée de Dunkerque pour réaliser, en partie, le plus grand débarquement de l’Histoire : le Jour J.
« Il faut bien se garder d’attribuer à cette délivrance les attributs d’une victoire. Les guerres ne se gagnent pas par des évacuations »
Winston Churchill