La seule chose que je craignais vraiment pendant la guerre, c’était Dönitz et ses sous-marins.

Winston Churchill

Au cœur de l’année 1942, les États-Unis se croient encore à l’abri des menaces directes. Mais une opération allemande audacieuse va frapper à leurs portes plus vite que prévu. À une époque où l’unité est essentielle pour maintenir la cohésion d’un groupe, elle devient d’autant plus cruciale en temps de guerre. On remarquera que cette unité est mise à rude épreuve durant la Seconde Guerre Mondiale chez les U-Boots de la bataille de l’Atlantique. En danger permanent, poursuivant toutes cibles à leur portée, ils travaillent en équipe et cette opération que nous allons découvrir résume bien qu’une union des forces permet d’aller plus loin.

Alors de ce constat d’unité, je vous propose de nous diriger vers les océans de 1941 à 1942. De plonger au cœur de la guerre sous-marine d’Atlantique Sud/Nord et de découvrir l’Opération Paukenschlag qui a réuni les meilleurs sous-marins d’attaque allemands dans une opération de grande envergure engageant une chasse aux navires américains. Mais comment une telle opération a pu voir le jour alors que Dönitz manquait cruellement de bâtiments ? Nous allons comprendre que cette opération va mettre à mal les Etats-Unis et va permettre à l’Allemagne de gagner un peu d’avance sur les Alliés durant la deuxième année de guerre.

La période heureuse pour la Kriegsmarine, « Die Glückliche Zeit »

Mais l’opération est issue d’une suite d’évènements qui a mis en confiance la Kriegsmarine. Alors retournons au commencement de la Seconde Guerre Mondiale, plus précisément après la Campagne de France. Car on le sait, la France est tombée en 6 semaines devant 7 divisions blindées allemandes. De Gaulle, le futur libérateur de la France, est parti se réfugier chez son allié Britannique Winston Churchill qui arrive tant bien que mal à combattre dans l’espoir de gagner du temps et des ressources. De ce fait, un nouveau gouvernement collaborationniste s’installe en France et 2 zones sont créées, la zone libre gérée par le Régime de Vichy et la zone occupée, par les Allemands, qui comprend une large partie des côtes françaises, de l’Alsace en passant par Paris jusqu’à Brest.

Cette délimitation n’est pas anodine, car elle permet aux allemands de posséder toutes les côtes françaises jusqu’à l’Espagne. Qui dit côtes, dit ports maritimes, ce qui offre à l’Allemagne de nouveaux lieux d’appareillages et de ravitaillements pour les U-Boots ou les navires allemands, qui étaient alors jusque 1939 cantonnés à la Mer du Nord (Port de Brême, Port de Kiel, Port de Wilhlemshaven ou le port de Emden). Ils disposent donc de nouveaux ports stratégiques couvrant l’océan atlantique nord jusqu’au sud et la Manche : Port de Saint-Nazaire, Port de Lorient, Port de Brest, Port de La Rochelle, Port de Bordeaux, Dunkerque, Cherbourg…

On notera aussi l’Opération Weserübung qui lance officiellement la campagne de Norvège qui durera du 9 avril 1940 au 10 juin 1940. De ce fait, la campagne permit à l’Allemagne Nazie de disposer d’encore de nouveaux ports tout le long des côtes européennes (Port de Bergen, Port de Kristiansand, Port de Farsund, Port de Bergen, Port de Fedje…) et permettra aux U-Boots et navires allemands d’avoir un plus grand rayon d’action, plus de ports à leur portée et plus de zones maritimes à surveiller. L’Europe est occupée, la France est tombée et la Grande-Bretagne a perdu son pied et une partie de son armée durant l’évacuation de Dunkerque le 26 mai 1940. Ils disposent alors de plus de 4000 km de côtes face à la Grande Bretagne. (qui deviendra plus tard la délimitation voulue du Mur de l’Atlantique).

Les ports occupés vont permettre à l’Allemagne d’ouvrir de nouveaux fronts qui s’avèreront décisifs dans la première partie de la Seconde Guerre Mondiale :

  • Contre le Royaume-Uni et les Etats Unis dans leur entraide car les Etats-Unis durant cette période ne sont pas encore en guerre. Le Royaume-Uni suffoque et tente de survivre par l’aide de son allié américain qui n’est pas engagé dans le conflit qu’il subit.
  • La Grande Bretagne doit survivre seul (territorialement parlant) face à la Wehrmacht et défendre son propre territoire durant la Bataille d’Angleterre pour sa survie (sa position dans le conflit fut décidée durant un discours de Churchill). C’est l’isolement des Britanniques vis-à-vis de l’Europe et la met de fait en situation délicate et de faiblesse.
  • La situation agit contre le commerce international et d’aide aux Alliés car les eaux internationales se transforment en champ de bataille et un formidable terrain de chasse pour les U-Boots. Les U-Boots sont avantagés par rapport aux navires alliés avec des équipements maritimes qui sont encore trop peu développés pour lutter contre la guerre sous-marine et la détection via sonar.
  • Préparer le terrain contre les Etats-Unis qui malgré leur politique d’isolationnisme est bien ciblé par l’Allemagne. C’est une situation idéale car les U-Boots peuvent s’attaquer à des navires sans défense et des embarcations à forte valeur ajoutée en ressources sans craindre de subir des représailles.
L'Opération Paukenschlag

Cette période de désordre et de surprise de juillet 1940 à octobre 1940 s’avèrera extrêmement lucrative pour les sous-marins allemands qui profiteront de la situation à leur avantage. Ils ont la supériorité technologique (manque de radars, situation problématique en Grande Bretagne et trop peu de radars) et la supériorité tactique dû à la rapidité de la capitulation des pays européens offrant des ports déjà prêts, alors que les Alliés tentent de s’entraider tant bien que mal.

Ce moment où les Allemands ont des succès importants sera nommée « Die Glückliche Zeit » ou « le premier moment heureux » et reflètera toute la puissance de la Kriegsmarine dans la volonté de contrer toute force d’hostilité et de destruction autant que possible des marchandises alliées. On parle ici d’attaquer et de détruire autant que possible des navires marchands, militaires, d’aide ou de tourisme.

Cette période parle aussi en chiffres car au large des côtes nord-ouest de l’Irlande, 282 navires alliés furent coulés, représentant une perte totale de 1 489 795 tonnes de navires marchands. En 4 mois seulement, les pertes représentent déjà 1 / 12ème de la perte totale des marchandises des navires marchands de toute la guerre par les sous-marins allemands.

L’entrée en guerre des Etats-Unis par le Japon

Mais un évènement vient assombrir l’horizon si radieux de l’Allemagne Nazie le 7 décembre 1941 au petit matin, quand le Japon lance une attaque surprise de grande envergure sur la flotte Américaine stationnée à Pearl Harbor. En 2 assauts, les Japonais parviennent de réduire à néant une partie importante de l’US Navy. Cette action servait surtout à ce moment aux Japonais, alliés aux forces de l’Axe dans un pacte tripartite signé le 27 septembre 1940 afin de conquérir sans difficulté l’Asie du Sud-Est et les îles de l’océan Pacifique.

Et ce jour du 7 décembre 1941 fut l’un des jours les plus importants pour l’Europe assiégée. Les Etats-Unis n’était pas entré en guerre aux côtés des Alliés et revendiquait son isolationnisme suite à la Première Guerre Mondiale qui a vu mourir beaucoup d’Américains. Ils ne voulaient plus se mêler des affaires européennes pour sa propre sécurité, son propre développement et garder ses hommes au pays.

Cette attaque imprévue arrive donc quand les Etats-Unis s’y attendaient le moins et payeront chers les dégâts de cet assaut à Pearl Harbor des Japonais. Mais il ne fallut pas un jour supplémentaire pour que le colosse endormi et endommagé en temps de paix ne décide d’entrer en guerre aux côtés des Alliés pour combattre l’Axe, l’Italie et l’Allemagne Nazie en particulier le Japon qui luttera seul dans le Pacifique.

L'Opération Paukenschlag
Image générée par l’IA | Attaque de Pearl Harbor

Rééquilibrage des forces

Le cours de l’Histoire va donc amener un nouvel équilibrage des forces par la seule venue de l’URSS ayant subi l’attaque surprise de l’Opération Barbarossa le 22 juin 1941 et l’attaque surprise de Pearl Harbor pour les Etats Unis. Cela change la donne car l’URSS de son côté est déjà entrain de combattre farouchement les nazis qui avancent toujours sur leur territoire à l’Est.

Après qu’aucun pays en Europe n’ait résisté aux blindés et à l’armée Allemande, Hitler déclare la guerre aux Etats-Unis. Il est alors gonflé d’égo et de confiance après toutes ses victoires militaires. Il se sent à la hauteur du défi, d’autant plus qu’il a repoussé les frontières du Reich bien au delà de l’Europe. Il possède une armée encore très importante et des ressources de nombreux pays à sa disposition, mais pas encore tout ce qu’il lui faut sous la main, comme le pétrole ou le caoutchouc qui sont des matières cruciales dans l’avancée des blindées et des troupes.

Hitler croit dur comme fer que la Providence est avec lui et qu’il est l’homme désigné pour repousser le bolchévisme. Il pense aussi qu’il a déjà gagné et que tout est désormais une question de temps, car Moscou est dans le viseur et est l’objectif le plus fort pour décapiter Staline d’octobre 1941 à janvier 1942.

Mais ce qu’il ne sait pas encore, c’est qu’Hitler va réveiller une machinerie de guerre de toute entière qui va entraîner sa chute et son renversement 4 ans plus tard. Ce revirement de situation va équilibrer les forces dans le conflit et va se mondialiser au fur et à mesure des mois. On a donc un jeu des Alliances qui se met en place :

Forces AlliésForce de l’Axe (pacte tripartite)
URSS (en guerre depuis le déclenchement de l’Opération Barbarossa, 1939)Allemagne Nazie (Aucune déclaration de guerre, l’Europe est occupée, 1939)
Royaume-Uni (en guerre depuis la campagne de France, 1939)Italie fasciste (suit l’Allemagne Nazie, n’est pas prête pour la guerre, 1939)
Etats-Unis (en guerre depuis l’attaque de Pearl Harbor, 1941)Japon (en guerre depuis l’attaque de Pearl Harbor, 1941)

De part et d’autre du début de la Seconde Guerre Mondiale, nous avons des pays qui n’étaient pas préparés à cette guerre soudaine entreprise par les nazis avec la Blitzkrieg, comme l’URSS et l’Europe ou même du côté de l’Axe ou l’Italie n’était pas prête pour faire la guerre en terme d’armement. Mais les Etats-Unis eux, entrent en guerre et accèdent à un conflit qui s’annonce déjà sans précédent et que ce n’est plus du tout une guerre de tranchées et de position…

Entrée en guerre brusque et imprévue

En effet, en 1940, Pearl Harbor n’était pas encore d’actualité et même s’ils apportaient déjà leur aide économique et militaire au Royaume-Uni, ils n’étaient pas pleinement investis dans cette guerre qui va se mondialiser. Et dû à cette entrée un peu décousue et imprévue le 7 décembre 1941, les Etats-Unis subiront déjà de représailles très lourdes de sens et de conséquences dans ce conflit dont ils ne connaissent rien. C’est donc cette période de préparation et de lancement de l’engrenage militaire américain qui va mener en premier lieu à ce moment heureux « Die Glückliche Zeit » particulièrement apprécié des sous-mariniers et va laisser place plus tard en 1941-1942 à une grande opération pour traquer les navires Américains, l’Opération Paukenschlag.

L’Opération Paukenschlag : la chasse aux navires américains est ouverte

De cette situation instable pour les Etats-Unis, nous assistons en 1941 à l’incroyable effet de surprise de la Blitzkrieg. L’Europe est tombée en 6 semaines, les pays nordiques subissent le même sort. L’URSS subit de plein fouet l’opération Barbarossa et les nazis s’approchent dangereusement de Moscou. Mais la Blitzkrieg ne va pas qu’être sur la terre, mais aussi dans la mer, qui est un front parallèle et indispensable pour le maintien de son emprise terrestre.

Dès le 11 décembre 1941, Hitler lève les restrictions interdisant d’attaquer les U-Boots d’attaquer les navires américains et la flotte américaine. Le front s’ouvre et s’agrandit, permettant aux U-Boots d’acquérir plus de succès et de nouveaux objectifs vont faire surface contre les Etats-Unis. Nous assisterons alors à une deuxième période, un deuxième « moment heureux » dans la guerre.

Logistique de l’opération

Le principal artisan de cette chasse est le commandant en chef de la Marine de guerre allemande, le Großadmiral Karl Dönitz. Il se met donc en tête de préparer un coup de massue sur la flotte américaine, sceller comme sur la terre le sort des adversaires du Reich. Dönitz réfléchit donc a comment le faire et l’opération Paukenschlag (pour « coup de timbales » ou « coup de tonnerre ») naît alors de la volonté d’effectuer une attaque rapide et surprise sur les côtes des Etats-Unis avec des U-Boots.

Sauf que cette attaque, elle ne se fera pas qu’une seule fois mais bien en plusieurs vagues de groupements de sous-marins qui avaient pour mission d’entrer dans les eaux américaines et de torpiller tout bateau américain afin de laisser le moins de chances possibles et de décourager les américains dans la guerre. Ils ne sont pas en meute1 à proprement parlé, mais ils travaillent ensemble dans une zone commune.

Il est aussi bon à noter que l’Atlantique sépare la France et les Etats-Unis d’environ 8 200 km, ce qui est un immense coût en carburant et en matériel pour déplacer de l’armement et en particulier les U-Boots jusqu’aux côtes américaines. Les sous-marins de type VII conçus pour le combat et en particulier l’Atlantique à cette époque n’était pas de taille et n’avaient pas les bonnes caractéristiques pour naviguer loin et combattre sans contrainte. Ils ne disposaient pas d’assez de carburants et étaient réservés à l’usage principal qu’était combattre en mer.

Des U-Boots à long rayon d’action

Il fallait pour ces missions que Dönitz utilise des sous-marins de Type IX, spécialement conçus comme des sous-marins d’attaque à long rayon d’action capables d’aller loin de son port d’attache. Ils disposaient d’un réservoir plus imposant, d’un stockage de marchandises plus élevé et étaient capables d’aller très loin avec des capacités d’autonomie dépassant les 43 900 km (à l’image du U-864). Il était fondamental de pouvoir attaquer en partant de l’Europe, aller aux Etats-Unis et revenir en Europe ou se faire ravitailler en mer pour qu’ils soient efficaces. Cela sera donc une équipe de sous-marins de type IX qui seront les sous-marins de l’opération Paukenschlag et verra émerger des grands noms de la guerre sous-marine comme Erich Topp (230 967 GRT2), Schnee (121 783 GRT) ou Hardegen (115 656 GRT3). Ils ont la capacité de réaliser les objectifs attendus.

Première vague de U-Boots de l’Opération Paukenschlag

Dès lors, Donitz réunit 6 bâtiments de Type IX pour cette première vague. Tous membres de la 2ème Flottille, leur port d’attache est Lorient en France. Il n’y aura finalement que 5 bâtiments qui feront partie de l’Opération Paukenschlag car le 6ème, le U-128, a des réparations urgentes en cours et ne pourra pas arriver à temps. Quelques uns sont déjà mythiques et ont déjà des états de service impressionnants, mais deviendront plus tard l’élite des U-Boots de la Seconde Guerre Mondiale.

Les premiers U-Boots choisis pour ouvrir les hostilités

U-BootCommandant du U-BootType d’U-BootEtats de service à la fin de la guerreFlottille / Port d’attache
U-125Kptlt. Ulrich FolkersType IXC82 873 GRT2ème Flottille (Lorient, France)
U-123Kptlt. Reinhard HardegenType IXB273 726 GRT (3ème meilleur U-Boot en destruction)2ème Flottille (Lorient, France)
U-66KrvKpt Richard ZappType IXC222 759 GRT (7ème meilleur U-Boot en destruction)2ème Flottille (Lorient, France)
U-130KrvKpt. Ernst KalsType IXC169 001 GRT 2ème Flottille (Lorient, France)
U-109Kptlt. Heinrich BleichrodtType IXB86 517 GRT2ème Flottille (Lorient, France)
U-128 (ne participera pas)Kptlt. Ulrich HeyseType IXC83 639 GRT2ème Flottille (Lorient, France)

La première vague de U-Boots avaient pour mission de se rendre aux Etats-Unis le 18 décembre 1941. L’U-125 fut le premier à quitter les côtes européennes. Il fut suivi par l’U-123 le 23 décembre, puis par l’U-66 le 24. L’U-130 et l’U-109 appareillèrent ensemble le 27 décembre vers la destination. Chacun mit un peu plus de deux semaines pour rejoindre les eaux de la côte Est des États-Unis pour commencer les hostilités de l’Opération Paukenschlag.

L'Opération Paukenschlag

Coup d’envoi et premiers résultats

Le coup d’envoi était pour le 13 janvier, donc la plupart des sous-marins seront à l’heure, sauf que certains, durant leurs trajets, effectueront déjà des destructions de navire, ce fut le cas pour le U-130 et l’U-123 qui coulèrent respectivement 1 et 2 navires les jours suivants, jusqu’à que tous les navires arrivent à couler ensemble au moins 1 bateau par jour.

Après une chasse qui fut très fructueuse, les 5 premiers U-Boots reviennent en Europe après l’opération le 6 février. On dénombre en moins d’un mois 25 navires coulés et 156 939 tonnes par ses 5 bâtiments seulement sur les côtes américaines.

C’était comme des loups dans une bergerie ; ils longeaient la côte américaine, naviguant en plongée durant la journée pour rester à l’abri des regards, puis refaisant surface à la tombée de la nuit. Ils profitaient alors du rétroéclairage des villes et même des parcs d’attractions pour repérer et torpiller les navires marchands, clairement visibles sur l’horizon et sans défense.
L’U-123 d’Hardegen, coula 7 navires totalisant 46 744 tonnes avant d’épuiser ses torpilles et de retourner en Europe. L’U-130 de Kals réussit à détruire six navires pour un total de 36 988 tonnes. L’U-66 de Zapp coula 5 navires (33 456 tonnes), tandis que l’U-109 de Bleichrodt en détruisit 4 (27 651 tonnes).
Seul l’U-125, confié à un jeune commandant Folkers encore assez inexpérimenté, ne coula qu’un navire, de 6 666 tonnes, au cours de cette première patrouille qui proposait tout de même beaucoup d’opportunités.

Abondance de cibles

En parlant d’opportunités, on notera que les U-Boots n’avaient pas la possibilité de neutraliser toutes les cibles face à eux, au vu du temps de rechargement des torpilles et de la possibilité de se faire repérer. A l’image de la première période heureuse, les U-Boots ont une abondance de bateaux possibles à détruire en toute sérénité, où alors avec peu de résistance les bateaux d’escorte étant très peu nombreux et développés, mais ils ne peuvent sélectionner que quelques cibles.

La plupart des navires américains sont américains, mais on retrouve surtout des navires marchands du monde entier qui se retrouvent coulés (Norvégiens, anglais, Panaméens…). Cette première vague fut un grand succès avec aucune perte recensée. La chasse aux abords de l’Amérique s’annonce fructueuse pour la Kriegsmarine et pour Dönitz. Mais ce n’est pas terminé, malgré que l’opération Paukenschlag est officiellement terminée, elle se poursuivra tout de même et d’autres bâtiments iront combattre de la même manière au vu des résultats obtenus.

Vagues suivantes de l’opération Paukenschlag, intensification de la pression

Au vu des résultats de la première vague, une deuxième fut tout de suite autorisée et Dönitz y intégrera des U-Boots d’attaque de Type VIIC qui n’était, au début, pas appropriés pour ce type de missions. Ils finiront tout de même par participer à cette boucherie sous-marine, continuant à faire des ravages. Au fur et à mesure, le nombre de U-Boots va augmenter considérablement et on ne parlera plus précisément à ce moment d’Opération Paukenschlag, mais plutôt de « seconde période heureuse » vraiment.

Deuxième vague de U-Boots

U-BootCommandant du U-BootType d’U-BootEtats de service à la fin de la guerreFlottille / Port d’attache
U-125Kptlt. Ulrich FolkersType IXC82 873 GRT2ème Flottille (Lorient, France)
U-123Kptlt. Reinhard HardegenType IXB273 726 GRT (3ème meilleur U-Boot en destruction)2ème Flottille (Lorient, France)
U-66KrvKpt Richard ZappType IXC222 759 GRT (7ème meilleur U-Boot en destruction)2ème Flottille (Lorient, France)
U-130KrvKpt. Ernst KalsType IXC169 001 GRT 2ème Flottille (Lorient, France)
U-109Kptlt. Heinrich BleichrodtType IXB86 517 GRT2ème Flottille (Lorient, France)
U-552F.Kapt Erich ToppType VIIC192 376 GRT (12ème meilleur U-Boot en destruction)7ème Flottile (St-Nazaire, France)
U-129KrvKpt. Hans-Ludwig WittType IXC143 748 GRT (16ème meilleur U-Boot en destruction)2ème Flottille (Lorient, France)
U-701Kptlt. Horst DegenType VIIC65 339 GRT3ème Flottille (La Rochelle, France)
U-201Kptlt. Adalbert SchneeType VIIC121 783 GRT1ère Flottille (Brest, France)
U-124KrvKpt. Johann MohrType IXB255 704 GRT (4ème meilleur U-Boot en destruction)2ème Flottille (Lorient, France)
U-160KrvKpt. Georg LassenType IXC190 501 GRT (14ème meilleur U-Boot en destruction)10ème Flottille (Lorient, France)
U-128 (ne participera pas)Kptlt. Ulrich HeyseType IXC83 639 GRT2ème Flottille (Lorient, France)

Troisième vague, optimisation du champ de bataille

Mais alors que la deuxième vague se termine à peine, une troisième est en route. Une troisième qui accueille comme la deuxième de nouveaux types de U-Boots. Il s’agit d’U-Boots de Type VIIC qui ont été modifiés pour avoir un plus grand rayon d’action et utiliser le moindre espace de stockage pour les torpilles ou le carburant et les provisions. On notera aussi une nouvelle révolutionnaire développée en 1940, la mise en service de quelques U-Boots ravitailleurs de Type XIV, surnommés « vaches à lait », qui permit à Dönitz de prolonger considérablement la portée de ses U-Boots.

Ils étaient capables de transporter sur l’Atlantique du carburant et des fournitures en quantité suffisante pour ravitailler jusqu’à une douzaine de sous-marins au combat. C’est un ravitaillement en mer et non au port. Ces bâtiments jouèrent un rôle crucial dans la stratégie allemande et faisait en sorte qu’une pression continue s’abattait sur les navires proche d’Amérique en supprimant les retours au port et les problèmes d’approvisionnement des marins. Grâce à eux, Dönitz parvint à maintenir jusqu’à 27 U-Boots opérationnels dans une vaste zone s’étendant de la Nouvelle-Écosse à la Guyane britannique !

Principe de « vache à lait » de ravitaillement. Le U-Boot n’a plus besoin de retourner au port pour se ravitailler, il rejoint la « vache à lait » pour cela. | Opération Paukenschlag

L’opération Paukenschlag débouche donc sur une forte accumulation et une forte augmentation de la présence des U-Boots sur les côtes américaines, déstabilisant à la longue les ravitaillements et les actions des Etats-Unis.

Bilan de cette « seconde période heureuse » et de l’Opération Paukenschlag

Durant cette « seconde période heureuse », les U-Boots détruirent environ 455 navires, dont un grand nombre de pétroliers jugés essentiels, alors qu’ils opéraient jusqu’à 485 kilomètres des côtes de l’est américain. Les pertes mensuelles en tonnage furent considérables : 196 243 tonnes en janvier, 286 613 en février, 354 489 en mars, 276 131 en avril, 451 991 en mai et 416 843 en juin. En comparaison, les pertes de sous-marins allemands dans l’Atlantique et les Caraïbes restèrent faibles sur la même période, avec respectivement un, deux, trois, deux, un et deux U-Boote détruits.4 En globalité, même si les sources varient, on dit que 5,1 millions de tonnes de marchandises ont été coulées durant ses opérations.

Les chiffres sont considérables et la guerre se fait que débuter pour les Etats-Unis et se prolonge pour les Alliés déjà engagés ou occupés. Il faudra attendre la modernisation et la constitution des convois, l’amélioration des systèmes de détection et une lutte sans-merci contre les U-Boots pour que cette dernière se termine progressivement, jusqu’à sa relocalisation en Atlantique Nord.

Notes infrapaginales

  1. Une meute (à lier avec les loup-gris – U-Boot) est une tactique militaire portant le nom de « Rudeltaktik » pour « tactique de meutes ». Cette tactique visait à créer des attaques de masse de plusieurs U-Boots sur un convoi ennemi. ↩︎
  2. GRT (Register Ton) / Tonneau / Tonnes : Également appelé jauge brute, le GRT est la capacité intérieure totale d’un navire. Pour un navire de charge, il va donner une idée de sa capacité en transport de marchandises et de combien de tonnes il peut posséder au total. Quand on parle de GRT, on fait référence aux tonnes totales que le commandant ou le navire a détruit. ↩︎
  3. https://fr.wikipedia.org/wiki/Reinhard_Hardegen ↩︎
  4. https://codenames.info/operation/paukenschlag/#google_vignette ↩︎

Sources

Image de couverture : Atlantic Wolves » by Robert Taylor


En savoir plus sur Acta Equitum

Subscribe to get the latest posts sent to your email.

2 Comments

  1. It would be nice if you could put an English language option on the articles as it would greatly widen your exposure. I would love to read them, but as I last spoke French in high school over 50 years ago, I cannot.
    Merci

    1. Hello,
      Thank you for your feedback, I really appreciate it.
      You’re absolutely right. My exposure would be much higher, as you pointed out. Even if I’m not entirely at ease in English on technical subjects, I’ll give it a try.
      For now, if you can tell me, is it possible for your browser to translate the page into English, for example?

      Thanks!

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *