Adolf Hitler

Force oratoire d’Hitler – décryptage d’un discours

Histoire

Ce passage est extrait du livre « Les Secrets du IIIe Reich » de François Kersaudy. Je ne suis pas l’auteur des lignes ci-dessous.

C’est sans doute l’étudiant et futur chef des Jeunesses hitlériennes Baldur von Schirach qui décrira le mieux le déroulement pratiquement immuable d’un discours d’Hitler : Il commençait tout bas, sur un ton presque hésitant. Il créait ainsi un effet de surprise sur ceux qui l’entendaient pour la première fois et qui s’étaient attendus à une fanfare révolutionnaire, ce qui faisait régner le silence et forçait l’assemblée à l’écouter. […] Son début calme faisait se dire à l’auditeur : cet homme pense, il réfléchit avant de parler. La longue première demi-heure, consacrée la plupart du temps à une récapitulation historique, ancrait en lui la certitude : cet homme connaît l’histoire ; ses idées ne datent pas d’aujourd’hui. Hitler avait une prédilection pour les mots d’origine étrangère, et ses auditeurs se disaient : cet homme est cultivé. Hitler s’échauffait, précipitait le tempo dès qu’il en venait aux questions actuelles. Il savait moduler sa voix selon qu’il accusait, injuriait ou ridiculisait des ennemis et des hommes d’État. Et les auditeurs se disaient : cet homme a raison. Après ce premier tiers du discours, au bout d’une demi-heure environ, il y avait la première vague d’applaudissements. Cela inspirait Hitler. Sa forme semblait en dépendre et se déchargeait en une cascade de phrases. Mais en réalité, il tenait fermement la bride. D’un geste de la main, il effaçait les applaudissements et reprenait tout bas, raccrochant le sujet là où il avait commencé. La même progression du pianissimo au fortissimo et au furioso se répétait dans le déroulement du discours.

À chaque fois, il précipitait le tempo, à chaque fois il atteignait plus vite le prochain sommet, toujours plus haut, et au bout d’une heure et demi – c’était la durée habituelle des discours d’Hitler, il avait amené les auditeurs si loin que chaque phrase leur arrachait des applaudissements ». » L’éditeur et musicien Hanfstaengl, entendant lui aussi Hitler pour la première fois, le comparera à << un violoniste de talent dont « la maîtrise de la voix, de la rhétorique et de la mise en scène n’a jamais été égalée. […] Sa technique rappelait les attaques et les esquives d’un escrimeur, ou encore l’équilibre parfait d’un funambule. […] Son premier secret résidait dans le choix des mots : il avait adopté le langage de camaraderie informelle des tranchées, et sans s’abaisser jusqu’à l’argot, il parvenait à parler comme un voisin de son auditeur. Lorsqu’il décrivait les difficultés de la ménagère qui n’avait pas assez d’argent pour acheter au Viktualenmarkt les pro- duits alimentaires nécessaires à sa famille, il utilisait exactement les expressions qu’elle aurait employées elle- même pour décrire ses difficultés, si elle avait pu les for- muler. Alors que d’autres orateurs au niveau national donnaient la pénible impression de prendre leurs audi- teurs de haut, lui avait le don inappréciable d’exprimer exactement leurs pensées. […] Je regardai les membres de l’assistance ; le brouhaha et le cliquetis des chopes avaient cessé, et ils buvaient chacune de ses paroles. A quelques mètres de moi, il y avait une jeune femme dont les yeux étaient rivés sur l’orateur. Comme saisie d’une extase mystique, elle ne s’appartenait plus et était entiè rement sous l’emprise de la foi despotique d’Hitler en la grandeur future de l’Allemagne».

Mais Hitler lui-même ne s’élève-t-il pas au fil de son discours jusqu’à une sorte d’extase ? Hermann Rauschning affirmera en effet qu’il << se droguait avec la morphine de son propre verbiages », et il faut reconnaître que le contraste est saisissant entre l’orateur en transe devant la foule et le personnage hésitant et insignifiant qu’il redevient une fois descendu de la tribune. Pour Hitler, du reste, même la prise de congé nécessite une technique particulière ; il s’agit de quitter les lieux sans délai, pendant que retentissent les premiers accents de l’hymne national : << La plupart des orateurs, dira-t-il, commettent la grossière erreur de rester à la traîne une fois leur discours terminé. Cela ne peut que décevoir, car les discussions et les objections peuvent ruiner entière- ment des heures d’efforts oratoires ». >> On voit que l’homme est déjà un professionnel qui ne laisse rien au hasard…

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